Amine Oulmakki expérimente dès son plus jeune âge la photographie dans la salle de bain reconvertie en chambre noire où son père développait ses propres essais. Mais c’est en 2006 qu’Amine découvre le regard d’aveugle caché en lui en photographiant son arrière-grand-mère au moment où celle-ci est atteinte d’une maladie suite à laquelle elle perd définitivement la vue. C’est à travers cette première expérience photographique qu’il trouve son langage visuel. Il n’expose cette série, L’œuvre au noir ou la part de l’ombre que 8 ans plus tard, en 2014, à la Villa des Arts de Casablanca et à l’IF de Rabat.
Parallèlement, il intègre l’Institut Supérieur du Cinéma et de l’Audiovisuel (ISCA) en 2006 qui lui ouvre un champ plus large dans le monde de l’image. Ainsi, il réalise Un jour la vie (court-métrage, 2012) projeté notamment à Paris (Festival Maghreb du film, IMA, 2014 et Festival des Rives de la Méditerranée, 2013 – Prix du jury) et à Rabat (Festival du court-métrage, 2012 – Prix du public).
C’est donc dans le cinéma et la photographie qu’Amine Oulmakki tente de se frayer un chemin. L’œil du photographe et la vision du cinéaste répondent à une nécessité ; celle de s’inscrire dans des valeurs universelles et humanistes. Temps et corps, vie et mort, fugacité de l’instant, tels sont les thèmes qui habitent son imaginaire et jalonnent sa démarche de création que l’on retrouve dans son installation vidéo Oxygène, tournée dans sa ville natale, montée lors d’une résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris en 2015 et présentée dans le cadre d’une exposition collective, Zaman / Time lors des Biennales de Marrakech en2016, puis lors d’autres évènements culturels tels que les rencontres photographique d’Arles, aux Instants vidéo de Marseille, au Blacktitude Museum à Yaoundé ainsi qu’à Londres et à Tokyo.
Parallèlement, en 2016, grâce à sa passion profonde pour la photographie, Amine Oulmakki s’imprègne d’un nouveau style à travers des images fixes, basées sur une mise en scène ou plus exactement des saynètes d’un théâtre du réel dont le résultat se manifeste avec une grande poésie. Grâce au soutien du Ministère marocain de la culture, il réalisera d’abord une première série Intérieur/Nuit qui sera exposée à la Photoloft Gallery de Tanger fin 2016, puis en 2017 pendant le printemps de l’art contemporain de la Friche la Belle de Mai à Marseille, pendant les Rencontres Photographiques de Rabat – Bab Rouah à Rabat, au Palais Selman à Marrakech puis en février 2018 au festival Instantes de Porto. En 2017, Lors d’une résidence à la Friche la Belle de Mai, il développe une deuxième série Espaces de fiction, dans le même esprit que la première série Intérieur/Nuit.
De l’argentique au numérique, du polaroïd au téléphone portable, le travail d’Amine est expérimental, intuitif et introspectif. Il puise son inspiration de ses rencontres quotidiennes, de son pays, son quartier – l’Océan et souhaite aujourd’hui rendre hommage à ceux/celles qui lui ont permis de se réaliser pleinement.
Site internet : https://www.amineoulmakki.com
L’idée initiale du projet m’est venue il y a trois ans après avoir participé à une formation dispensée par un expert de danse spirituelle pendant laquelle nous devions nous mettre dans la peau d’un animal de notre choix. J’ai choisi l’âne. Je me suis complétement approprié l’animal et me suis retrouvé en lui. Cette expérience a été une découverte sur moi-même, qui a fait mûrir en moi le désir de la traduire en un projet artistique afin de reconsidérer et rendre hommage à cet animal qui depuis des siècles est, tout autant le compagnon que la risée et l’esclave de l’homme.
Ce n’est que cette année que j’ai commencé à faire des essais et concrétiser mon projet. J’ai développé le personnage «d’humain-âne» : un seul et unique personnage dissimulé sous un masque d’âne.
A partir du mois de mars 2019 avec le confinement imposé à cause de l’épidémie du covid-19, j’ai senti l’espace de mon appartement m’envahir et s’imposer comme mon unique territoire autorisé où je pouvais être soit libre soit prisonnier. Les seules sorties autorisées devant se faire dorénavant avec le port d’un masque, mon masque d’âne m’est apparu comme étant un rempart contre l’anonymisation collective de la planète. J’ai donc décidé de réaliser une photographie par jour, avec la tête d’âne et avec les moyens du bord et la poster sur les réseaux sociaux afin que chacun et chacune puisse se reconnaitre.