Artiste plasticienne, Franco-Marocaine, je suis née au Maroc en 1983. Ayant vécue des deux côtés de la méditerranée, je suis particulièrement sensible aux événements sociétaux et historiques liés à ces pays. Je suis à cheval entre deux cultures, arabo-musulmane et judéo-chrétienne, et mes travaux plastiques en témoignent. J’ai entamé une démarche artistique, depuis « le printemps arabe », de prélèvements d’empreintes autour de la Méditerranée, dans des lieux témoins d’un passé ou d’une actualité douloureuse. A ce jour, plusieurs pays font déjà partis de ma collection. Depuis le printemps arabe, je parcours les pays méditerranéens pour réaliser des empreintes (Georges Didi-Huberman parle de ressemblance par contact), aux endroits mêmes où s’est faite l’histoire, et où elle continue à se faire dans la douleur. Par ces gestes, j’affirme l’attachement de cette toile peinte à un pays qui devient, de fait, sa ville natale… Prendre des empreintes des sols de chaque pays du pourtour méditerranéen est un projet pictural qui propose de multiples implications… Une valeur poétique, une orientation plus politique, engagée dans la recherche du lien qui unissait tous les peuples méditerranéens autour de la libre circulation d’idées. Enfin un aspect plus symbolique et interactif avec la participation des peuples rencontrés.
– 2019 : Prix « coup de cœur » Occitanie, à l’Académie de France à Rome-Villa Médicis.
– 2016 : 1erprix de Jeune Création Contemporaine Marocaine, «Mastermind», galerie Venise Cadre/GVCC, Casablanca, Maroc.
Site Internet : http://www.nissrineseffar.com
C’est en France que l’artiste découvre l’existence du camp de Rivesaltes par le récit de harkis qu’elle rencontre. Nissrine Seffar se rend à Rivesaltes dès 2012, et depuis Sète elle va s’y rendre régulièrement et fréquemment. Elle arpente seule cette vaste étendue où subsistent les baraquements en ruine, elle prend des photographies, réalise des dessins qui témoignent de l’érosion de ces habitations sommaires. Elle complète ce travail par des recherches historiques et documentaires.
Le camp de Rivesaltes, par son épaisseur, dépasse sa propre histoire et fonctionne comme un symbole de toutes les guerres et de tous les exils, d’un accueil organisé sur le principe de l’exclusion. Il résonne dans notre actualité, avec tous les camps du monde entier qui s’improvisent au gré des conflits et des vagues migratoires, sans cesse démantelés et déplacés.
Nissrine Seffar présente des photographies de baraquements dont les murs sont en train de tomber en ruines. Prises avant le coucher du soleil, la texture des murs apparaît presque picturale et révèle différentes strates. La lumière et le cadrage rendent les images de ces vestiges d’abris de fortune presque fictives. A chacune de ces photographies est associé un dessin minimal en une seule couleur (noir, jaune et rouge) qui reprend l’architecture du baraquement sur laquelle elle a gravé subtilement un grillage suggéré par la seule empreinte sur le papier, pour évoquer l’enfermement à la fois physique et mental.
Dans l’œuvre de l’artiste, la question de la trace dépasse la représentation, elle fouille telle une archéologue avec la volonté de révéler ces strates de l’histoire et travaille ainsi notre mémoire en profondeur. En privilégiant la dimension sensible, elle ouvre à toutes les lectures, à tous les récits, à toutes les biographies personnelles telles des couches qui peuvent s’ajouter et venir épaissir l’histoire.